Le CompÁs dans l'Œil

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Rébétiko ?

28/08/2025

Rébétiko ?

Le rébétiko est un art populaire savant qui combine musique et chant ; au comble de l’extase, la danse y est parfois conviée. Né au début du siècle dernier en banlieue d’Athènes au sein d’une communauté de marginaux exilés d’Asie mineure, il parle de solitude, de drogue, d’amours défuntes et de misère. Les voix y sont âpres, les musiques sombres : ici on ne cherche pas à plaire, mais à dire une vérité qui dérange.

 

Le rébétiko, c'est le chant des déracinés, la musique de ceux qui viennent d'ailleurs, la plainte des marginaux. Ils sont Grecs en Turquie, puis Turcs en Grèce. Jamais à leur place, toujours décalés, méfiants, les rébètes s'inventent un lieu imaginaire où se retrouver, loin du regard méprisant de la bonne société athénienne : ce lieu, c'est une musique obéissant à des codes que seuls eux maîtrisent et un argot que seuls eux comprennent.

 

Censuré, interdit puis finalement récupéré après ’45 par une bourgeoisie nouvellement éclose en quête d’encanaillement, le rébétiko a connu son heure de gloire en même temps que son pire dévoiement dans les années ’50-’60. Art de l’ombre trop soudainement porté à la lumière, il n’a pas survécu à son succès. C’est un répertoire clos de plusieurs milliers de chansons qui ne cessent, depuis, d’être découvertes, redécouvertes, reprises et réinterprétées, génération après génération.

 

Le rébétiko  connaît, depuis la crise financière de 2008, un renouveau d’un dynamisme impressionnant, en Grèce comme à l'étranger.

¿Flamenco?

16/08/2025

¿Flamenco?

Le flamenco est un art populaire savant qui fait voler en éclats la fausse opposition entre art populaire (divertissement) et art savant (élitiste). Il combine musique, chant, danse et poésie. Il se transmet traditionnellement au sein de certaines familles andalouses et, depuis peu, dans des académies ou des écoles. Il se manifeste spontanément pendant les fêtes et, de façon plus cadrée et professionnelle, sur les scènes du monde entier.

 

Le flamenco se comporte exactement comme une langue vivante : il peut exprimer tous les sentiments, de la peine la plus insoutenable à la joie la plus sauvage, et est capable de les communiquer à celles et ceux qui en partagent les codes. Il a son vocabulaire, sa grammaire, sa syntaxe, ses régionalismes et ses accents propres. Comme toutes les langues, il ne peut s’apprendre que si on le considère comme production culturelle globale, c'est-à-dire comme un objet culturel complexe ayant émergé dans un groupe social précis. En ce sens, il n'est pas un style musical parmi d'autres : ses productions ne peuvent pas plus être considérées comme des objets figés ("morceaux" de musique...) que les phrases d'une langue comme autant de proverbes gravés dans le marbre. 

 

Il ne se répète jamais, comme ne se prépare jamais une exclamation : il jaillit. Il se délecte de se surprendre lui-même.

 

C'est un flux constant, un jeu sans fin, un perpétuel ré-arrangement de sa propre réalité.

 

Ne l'enfermez jamais, mortels, ou vous le tuerez.

Bienvenue !

15/08/2025

Bienvenue !

Bienvenue !

 

Si vous avez atterri sur ce blog et que nous postulons que le hasard n'existe pas sur la Toile, c'est que vous avez sans doute, à un moment donné, tapé "flamenco", "cours", "Lyon", "guitare" — séparément ou tout ensemble. Nous avons donc forcément (au moins) un intérêt commun : cet art populaire savant qu'est le flamenco, expression multiple et complexe d'une culture ancrée dans un territoire précis et portée par des gens dont il constitue un moyen naturel de rendre compte poétiquement de la réalité telle qu'il la perçoivent et la vivent.

 

Oui, tous les mots comptent. Nous en reparlerons.

 

Or, mon truc, même avant la guitare, ça a toujours été les langues. Comme c'est souvent le cas chez les enfants bilingues, mon premier terrain de jeu c'était précisement les langues qu'on parlait à la maison : le grec et le français — et les joies du jonglage pour passer de l'une à l'autre. Voici donc mon point de départ : la guitare n'est pas une langue ; le flamenco, si. Enfin presque : disons qu'il se comporte exactement comme une langue ; et à ce titre, il peut s'apprendre et s'enseigner de la même façon. Voilà principalement ce dont il va être question dans ces posts.

 

Bien sûr, il se pourrait qu'une tangente soit empruntée, qu'une parenthèse soit ouverte et quelquefois, voir souvent — mais pas toujours — refermée ; qu'une digression qu'on voulait brève soit suivie jusqu'au bout, ou qu'un chemin de traverse soit pris, l'air de rien. Mais que serait un voyage sans ses imprévus ?

 

Bienvenue à bord, donc. Et n'attachez surtout pas vos ceintures : si vous êtes secoués, c'est que vous êtes vivants.